Évitons le conflit, la suite

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Oui parce qu’on y croit. En éternel optimiste, on imagine toujours qu’un conflit peut s’éviter. Alors on essaie, on choisit de fuir ou bien on décide faire face avec diplomatie, en imaginant que l’idiot d’en face sera sûrement facile à calmer, qu’il s’adoucira… Malheureusement, en particulier au boulot, l’idiot en question l’est beaucoup plus qu’on le pense. Alors on fait quoi ? (à part payer une bande de mafieux corses)

Reprenons le principe de l’escalade du conflit

Dans un précédent article, nous avons choisi d’illustrer toute forme de différent en imaginant un escalier. En bas, tout va bien, en haut, tout pète et entre les deux niveaux, on trouve des marches que chaque protagoniste franchit progressivement, toujours dans le même ordre. Avant de continuer votre lecture, survolez donc vite fait cet article qui présente l’escalade d’un conflit. Vous y verrez plus clair pour la suite…

Tout commence par une perception erronée de la situation, on l’a évoqué. Ça continue par un arrêt de la communication avec celui d’en face. Nos émotions ont pris le dessus, elles amplifient nos erreurs : tout nous confirme qu’on a raison, que l’autre est un con et un ennemi. Vous y êtes ? Vous vous y voyez ? Prenez le temps d’imaginer quelqu’un avec qui vous avez vécu ça dernièrement. Que s’est-il passé, souvenez-vous ?

Vous avez franchi une nouvelle marche

Inévitablement, le conflit devenant de plus en plus fort, vous avez mis un pied sur la 3ème marche de l’escalier qui vous emmène vers la zone rouge. La première était votre biais perceptuel, la deuxième était la noyade émotionnelle (voir notre précédent article, si ce n’est déjà fait). Et cette 3ème marche est capitale, c’est celle de la recherche d’appui.

Mais si, vous la connaissez… Imaginez :

Pour une bête histoire de place à la cantoche, vous vous êtes fâché avec votre collègue Kévin (ou Médor, si vous êtes maître-chien, vous trouverez le prénom adéquat, ok ?). De toutes façons, ça faisait un moment que ce gars vous chatouillait sérieusement, et là, c’en est trop ! A un moment où à un autre, vous irez voir votre collègue Brigitte (ou Kévin, si vous avez choisi Médor un peu plus haut ! Vous me suivez ?) et vous lui direz un truc du genre : « Tu ne trouves que Kévin abuse vraiment, à la cantine ? ». On y est. C’est la recherche d’appui, notre nouvelle marche dans l’escalier.  En posant cette question, vous allez vérifier que vous n’êtes pas seul au combat. Vous constituez votre armée, vous identifiez vos alliés.

La recherche d’appui, un tournant crucial dans l’évolution du conflit

Jusqu’à maintenant et depuis le début, vous traversiez plus ou moins consciemment une zone de spontanéité. C’est-à-dire que vous étiez dans des réactions plus ou moins réfléchies et conscientes, largement noyé par vos émotions. Mais à cet instant précis de l’évolution d’un conflit, la recherche d’appui vous fait basculer du mode spontané au mode stratégique. C’est à partir de cette marche là que vous commencez à élaborer des plans.

Mais la recherche d’appui vous rend fragile

Lorsque vous regardez qui va venir vous épauler parmi ceux qui vous entourent, que cela vous plaise ou non, vous êtes en position de faiblesse. Vous dépendez en effet du bon vouloir des autres pour renforcer un peu plus encore la haine qui monte en vous contre votre ennemi. Cette dépendance pourrait même faire de vous une girouette ! Si, si : vous détestiez Kévin parce qu’il vous a pris votre place au réfectoire de l’entreprise, mais depuis que Brigitte vous a dit qu’en plus, il lui avait piqué son mug Star Wars, vous le haïssez parce que c’est un voleur. Vous voyez l’évolution ?

La manipulation est dans le conflit

Lorsque vous êtes en recherche d’appui, vous êtes dans la manipulation. Et même en plein dedans ! C’est d’ailleurs pour cette raison que vous êtes fragile. Dans toute forme de manipulation,  il faut toujours deux personnes, au moins. Un manipulateur, certes, mais aussi un manipulé. Vous êtes le manipulateur et votre collègue Brigitte est la manipulée, puisque vous allez tenter de l’amener à rejoindre vos rangs pour que vous soyez moins seul au combat. Or, avec la manipulation, les rôles s’inversent bien vite. La preuve, grâce aux précieuses infos de Brigitte, vous avez acquis la certitude (non vérifiée) que Kévin est un voleur !

Compliqué, hein ? Pour en savoir un peu plus, on a sur ce site toute une catégorie d’articles et de formations dédiés uniquement à la Manipulation.

On peut s’arrêter là

Cette phase charnière et manipulatoire dans l’escalade d’un conflit est peut-être le dernier vrai moment où tout peut s’arrêter, pour revenir à la paix. Cette recherche d’appui est la phase où votre fragilité passagère peut vous permettre de retrouver la raison. Si vous ne trouvez aucun appui, vous reconsidérerez peut-être votre envie d’en découdre. Brigitte pourrait ne pas jouer votre jeu et au contraire, vous prouver que votre ennemi juré est en fait très sympa. Les choses changeront.

Oubliez mon exemple à la noix pour repenser à une situation bien à vous : êtes-vous capable de placer cette étape de recherche d’appui ? Vos commentaires m ‘intéressent, et j’y répondrai du mieux possible, pour que vous aussi, vous enrichissiez cet article de vos propres exemples. A vous de jouer. A vous lire…

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