Au boulot comme ailleurs, on dit bonjour. Enfin, c’est préférable ! Mais très franchement, c’est incroyable de voir combien de bonjour on rate, bêtement, alors qu’on est certain que tout est ok. Quel dommage… Il faut dire aussi que nous sommes tous surchargés de plein de sollicitations de l’esprit : dossiers en retard, réunions, frigos vides, manque d’argent, la liste est sans fin. Alors on dit bonjour comme ça, par réflexe, sans faire attention qu’en face, il y a quelqu’un en vrai. On sert à qui veut l’entendre la seule phrase qui apparaît sur l’écran :
Bonjour, ça va ?
Et voilà, ça y est, la boulette ! La phrase à la noix. Dans 100 ans, au rythme où l’orthographe évolue, ce « bonjour ça va » ne formera peut-être plus qu’un seul mot, tant on les colle les uns aux autres. Pourtant, il serait bon de se poser 2 ou 3 questions avant, sur le sens même de cette question et celles qui sont derrière. L’autre ne va-t-il pas m’attraper pour raconter sa (triste) vie ? Ou au contraire, ne risque-t-il pas de m’exaspérer s’il va trop bien ? Et puis d’abord, ai-je vraiment envie de savoir s’il va…
Et si on assumait le fait de ne pas toujours avoir envie de savoir si l’autre va bien ? On peut croiser quelqu’un, bosser avec et ne pas forcément avoir envie de tout savoir sur lui. Une politesse, du respect, mais surtout, ma baguette de pain et ce dossier urgent (respectivement pour la boulangère et mon collègue du bureau, n’intervertissez pas les deux, s’il vous plait).
Toute relation commence par un don. Dire « bonjour ça va » à quelqu’un, c’est choisir délibérément de donner à l’autre une attention et du temps pour qu’il nous réponde. Si ce matin, je n’ai ni l’un ni l’autre, alors autant ne pas poser la question. Elle n’en n’aura que plus de valeur lorsque dans quelques jours, je demanderai des informations à cet autre à qui je dis bonjour.
Il ne faudrait dire que bonjour ?
Et pourquoi pas ? Si c’est la formule que vous préférez. Un vrai bonjour, sincère et profond, peut s’avérer être un cadeau véritable, une attention très forte. Essayons : « je te souhaite un bon-jour ». Ou bien « je souhaite que ce jour te soit bon ». En se préparant à l’avance à cette formulation de pensées, on se place dans un souhait réel de bienveillance pour l’autre. Et même si l’on garde sa formule consacrée du simple « bonjour » (ce que je préconise tout de même si l’on ne veut pas passer pour un dingue), on peut offrir à son interlocuteur une sincérité qui va nécessairement infléchir sensiblement mes relations avec lui.
Les yeux dans les yeux
Mon ami et mentor Raphaël m’a conseillé un jour de serrer la main d’une personne en me demandant « quelle est la couleur de ses yeux ». Bien sûr, il faut faire ça finement et obtenir la réponse dans la demie seconde, au risque d’être interné ou frappé régulièrement. Mais lorsqu’on se pose cette question, ma connexion à l’autre devient double et donc plus profonde, avec un contact au toucher par la main et un contact par un regard soutenu, profond et plongé dans les yeux de l’autre. Quelle considération je lui offre !
Cette manière de choisir à l’avance le bonjour à offrir permet de revoir l’ensemble de mes relations. A ceux que je déteste ou qui m’importe peu, un « bonjour ça va » comme ils m’en sortent et peu importe, j’assume. Aux gens dont je me fiche de savoir comment il vont, un bonjour « dans les yeux », pour qu’il n’y ait que ça, mais que ce soit déjà ça. Et enfin, pour ceux qui m’importent vraiment, un « bonjour ça va » où je prends le temps de recevoir la réponse. Dans chaque cas, vous verrez progressivement, sensiblement, mais parfois immédiatement aussi, votre rapport se modifier. Les échanges qui s’en suivront seront différents et peut-être même surprenants. Vous pouvez aussi adapter la méthode de Manuel DIAZ de remplacer « Bonjour, comment ça va ? » par une autre question.
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Et n’oubliez pas de lire notre article sur Messageries instantanées, attention danger !.
Je commente cet article en plein été, au camping (mon fils voulait absolument en faire, alors bon…). Et ben, le bonjour « les yeux dans les yeux », ça marche aussi ici. Même en hollandais !
Quand on sait que le « ça va » découle du « comment allez vous » du XVIII éme siècle qui signifiait tout simplement que l’on s’informait de l’état de santé de son interlocuteur via ses selles du matin …. Ça fait rêver !
Les origines moyenâgeuses de la langue française sont toujours très… surprenantes, c’est vrai !
J’ai appris à mes enfants qu’il fallait toujours dire « Bonjour Madame » ou « Bonjour Monsieur », non pas parce que c’est poli, mais parce que cela prouve que l’on a pris le temps d’identifier la personne à qui on dit bonjour, alors qu’un simple bonjour sans lever la tête n’a pas le même effet.
Mes filles ont très vite compris l’effet sur les autres et l’intérêt qu’elle pouvaient susciter par cette formule de politesse et là on entre dans la manipulation (voir un autre article). Ah ces sales gamins ! Heureusement qu’on les aime ! 😉
Ah… la manipulation… J’ai failli ne faire un site web que sur ce thème, tant il est omniprésent et fascinant. Mais merci déjà pour cette précision, sur le bonjour Madame, ou Monsieur. Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai…