Ah les cons

Ah les cons !

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Il y en a vraiment partout

Audiard l’avait bien dit : les cons, ça ose tout. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît ! Et il faut croire qu’on est tous confrontés à ces connards nuisibles et envahissants, puisque Gabin parlait des cons qui volent en escadrille, Lhermitte, Huster et Villeret en ont fait un dîner somptueux pour le cinéma et même Brassens les a chantés. Il y en a tellement, qu’on finit toujours par se demander si par hasard, je n’en ferai pas partie moi-même (ou vous).

C’est vrai après tout, on est toujours le con de quelqu’un et il suffit de remonter aux jours d’avant, la semaine dernière pas plus, pour trouver toute une liste de moments où on a été franchement con soi-même.

Je suis un con

Maxime Rovère, est philosophe et écrivain. Il est loin d’être con (ceci pour illustrer cet article par cette phrase, qui est un bel exemple de connerie, puisque je ne connais pas personnellement Monsieur Rovère, et que rien ne me dit que je ne le trouverais pas con en le rencontrant). Si je peux me permettre cette blague douteuse sur cet auteur, c’est parce que j’imagine qu’il la comprendra s’il me lit. En effet, Maxime Rovère a écrit un livre que je vous conseille vivement : Que faire avec les cons ? En substance, il nous dit qu’à la minute où je vois un con, alors il y en a 2. Celui que je vois, et moi, qui n’essaie pas de le comprendre. Son livre nous dit bien d’autres choses, mais on peut déjà s’arrêter là…

On est con comment ?

Il y a mille et une façons d’être un con. C’est incroyable de voir d’ailleurs que nombre de cons inventent encore et toujours des manières plus fascinantes que les autres, en permanence. C’est beau à voir. On peut être con par manque d’attention par exemple : ce gentil « chérie, tu es belle aujourd’hui » offert ce matin à ma compagne où j’aurais vraiment dû garder le « aujourd’hui » sous silence. On peut être con par croyance, ça marche aussi.

Il y a aussi les vieux cons, que l’on devient tous un jour. En effet, une étude a permis de mettre en évidence que le cerveau humain tend à effacer plus vite les souvenirs négatifs que les souvenirs positifs (Charles, Mather, Carstensen – 2003). Et de ce fonctionnement intellectuel découle une impression personnelle sensible, qui elle-même me pousse à sortir en plein repas ce fameux « c’était mieux avant ! » et paf, me voilà vieux con !

Champion du monde

On a tous des difficultés à gérer son estime de soi. Et malheureusement pour certains, c’est beaucoup plus dur encore. Ainsi, par manque d’estime de soi, on a parfois tendance à se surestimer. Notamment à surévaluer ses compétences professionnelles. Et c’est ainsi qu’arrive face à vous ce collègue trou du cul qui va oser vous expliquer votre job, alors que lui-même n’en ferait pas la moitié. Aucun doute à vos yeux, c’est un con ! Un champion du monde qui se surestime.

Mais, revenons au cerveau !

Pour aller le plus vite possible, notre cerveau utilise des raisonnements automatiques, qui sont bien souvent des déductions approximatives. Pas faux pour autant, ces schémas heuristiques constituent à la fois la clé de nos bons et de nos mauvais comportements. Bons, car ils nous permettent souvent de prendre immédiatement la bonne décision. Mauvais, car ils nous conduisent tout droit dans la connerie niveau champion international toutes catégories. On distingue même différents styles d’heuristiques, tels que la peur de la perte, l’ancrage, la disponibilité, le biais rétrospectif ou d’autorité… Mais nous évoquerons ces biais dans un futur article, car la liste est longue et passionnante.

Parmi ceux-ci, celui de la représentation est remarquable. Par exemple : votre patron arrive et déclare « on reçoit une nouvelle recrue dans le service la semaine, elle se nomme Cindy, elle a 25 ans et elle vient de Montpellier ». À ce moment précis, vous pouvez être sûrs que tous les grands mâles du service imaginent une petite bombe à forte poitrine et bien bronzée, arrivant avec un large sourire. À l’heure où cet article est écrit, stigmatiser à ce point une jeune femme s’avère être risqué pour la « bien-pensance », mais le biais de représentation fonctionne aussi si la nouvelle recrue est un homme, comptable parisien bientôt en retraite, ancien sportif de haut niveau en reconversion, et j’en passe… Il vous suffit de vous connecter aux images mentales qui vous viennent, et vous aurez devant vous vos exemples personnels de représentation.

Quoi qu’il en soit, le biais de représentation risque fort de changer les comportements à l’arrivée de cette jeune femme dans l’entreprise, n’est-ce pas ? Ah, les cons ! Passé le côté cocasse du sujet et sa complexité aussi, force est de constater que la connerie est inévitable et qu’elle semble provenir de nous-même tout autant que des autres. Le problème vient souvent du fait que nous laissons faire notre cerveau, et nous nous contentons des premiers résultats de nos réflexions. Nous ne prenons pas le temps de vérifier que nos résultats sont justes. Un article sur ces différents niveaux de réflexion illustre en partie cette idée de vouloir creuser un peu plus notre intelligence, il est à lire ici. Les travaux que Jacques FRADIN (docteur en médecine, comportementaliste et cognitiviste) a retranscrit dans son ouvrage L’Intelligence du Stress évoquent également deux principaux niveaux de fonctionnement cognitif, en aucun cas opposés mais plutôt complémentaires, avec un premier niveau qualifié d’automatique, et un second, dit cognitif. L’automatique nous apporte beaucoup de décisions réflexes et nous fait aller vite (tant mieux), mais il nous donne souvent des résultats souvent binaires, clivés, voire erronés. C’est le niveau de fonctionnement cognitif qui, lui, nous apporte la remise en question, l’analyse plus ouverte et curieuse, bref, l’ouverture d’esprit (en résumé).

Alors visiblement, un peu d’observation, de compréhension des raisonnements de chacun (même les plus irrationnels ou les plus stressants) devraient parfois nous aider à accepter la connerie, voire même à la réduire. Des fois…

Et vous ? Votre avis sur ces cons ?

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