Assertivité

Qu’est-ce que l’assertivité ?

Temps de lecture : 8 minutes
assertivité

Voici un mot bien étrange, assertivité ? On a l’impression de le connaître ou de l’avoir lu quelque part, mais il est difficile à définir. On s’en sert, ici ou là, on l’aperçoit, on l’entend dans la bouche de quelques-uns, et on sent bien qu’il y a là quelque chose de positif, mais d’un peu complexe.

Éclairage 💡(une bonne fois pour toute) !

L’assertivité, c’est l’affirmation de soi

En anglais, le verbe to assert signifie s’affirmer. Le mot assertivité est un anglicisme récent qui signifie l’affirmation de soi. Il s’agit là d’une posture relationnelle au cours de laquelle une personne est en capacité d’exprimer pleinement ses souhaits, ses envies, ses idées, et réussit à le faire dans un sentiment de liberté et de sérénité par rapport aux autres. Une personne assertive, car c’est comme ça qu’on la qualifie, est consciente de sa liberté, mais également de ses devoirs. En effet, se sentir libre de pouvoir s’exprimer est une chance qui n’a de valeur qu’en offrant à l’Autre la même liberté. Être assertif, c’est donc revendiquer sereinement ces points de vue, sans crainte d’être malmené ou moqué, tout en incitant l’Autre à en faire de même. Il faut ainsi être capable d’écouter de manière neutre, sans jugement, et d’accueillir sûrement les points de vue des autres, même si parfois, leurs idées peuvent nous heurter.

Écouter l’autre

Les bénéfices d’une telle posture relationnelle sont considérables : on gagne en confiance en soi et en confiance en l’Autre, on est à l’écoute de ses émotions et dans une pleine acceptation de celles-ci. On offre à l’autre une écoute profonde et véritable, que nous gagnerons en retour et par mimétisme. Qui n’a pas envie d’être pleinement entendu ? Qui ne rêve pas de partager quelques débats d’idées enrichissants et constructifs, respectueux et apaisés. C’est là tout le gain que l’on obtient et que l’on partage en étant assertif.

On pourrait s’arrêter là et profiter de cette définition pour se plonger dans une douce utopie, dont nous parlerions au conditionnel en se disant, mug de café à la main lors de la pause au boulot : “aaaaaah, si seulement il y avait un peu plus d’assertivité dans le monde / dans cette entreprise / chez moi” (rayez la mention inutile). Traduction : “aaaaaah, qu’est-ce que le monde qui m’entoure serait bien plus agréable, si les gens étaient un peu plus assertifs envers moi” !

On ne nait pas assertif

Malheureusement ça ne marche pas comme ça, car être assertif nécessite un certain travail sur soi. L’assertivité est une posture consciente, c’est un choix. C’est une décision d’être que l’on prend chaque matin au réveil. Je décide ce matin d’être un peu plus ouvert, un peu moins jugeant, d’être un peu plus à l’écoute, afin qu’en retour les gens qui m’entourent puissent l’être comme moi et qu’ensemble, nous ouvrions le champ des conversations et des échanges respectueux et positifs. Et comme tous les choix, il y a des jours où on les fait, et des jours sans.

Pratiquer l’affirmation de soi, c’est aussi savoir que c’est une petite chose fragile et aléatoire. À certains moments, ce ne sera qu’un rêve, à moins que l’environnement ne nous permette pas une telle posture relationnelle (situations de grande tension, conflits, non-dits…). Ou bien que l’Autre m’insupporte à un point que la seule envie qui me vient en approchant, c’est de lui administrer un grand coup de pelle. Oui, ça arrive souvent ça… L’assertivité, ça ne marche pas à tous les coups…

Les postures non assertives

Lorsque je ne fais pas preuve d’assertivité, les choses deviennent particulièrement croustillantes… car il ne me reste plus que 3 autres postures relationnelles, celles dites non assertives : la fuite, l’attaque et la manipulation. Des gros mots, quoi !

Or, si vous voulez développer votre assertivité, vous devez comprendre ce qu’est la non-assertivité, et comment fonctionnent ces trois postures, en apparence négatives. En apparence seulement, car si l’on y réfléchit un peu, une fois le premier jugement porté sur chacune d’elles, il s’avère que leurs avantages sont assez nombreux. Petit zoom rapide de ces trois fausses amies.

La fuite

La fuite, que l’on appelle également évitement, se met en place lorsque l’on souhaite éviter un problème ou une personne. Feindre l’indifférence, s’exclamer que “celui-là, moi, je le vois mieux, je me porte”, sont autant de petits comportements quotidiens qui traduisent la fuite. On imagine assez rapidement que cette posture va nous emmener à une forme d’inaction, voire de lâcheté. Pas faux, mais réducteur.

En effet, la fuite peut-être souvent un repli stratégique qui nous permettra de gagner du temps, de prendre un peu de hauteur et de réfléchir à la suite. Et puis la fuite, c’est aussi une forme de protection. Protection de soi face à un danger ou bien protection de l’Autre que l’on aime, et aussi protection d’une ambiance, d’une atmosphère. Combien de fois au cours de la semaine dernière vous êtes vous mordu la langue ? Vous êtes vous retenus de dire à l’Autre ce que vous pensiez vraiment, afin de maintenir une bonne ambiance au bureau, ou de ne pas blesser votre conjoint, qui vous emmerde bien continuellement, mais que vous aimez profondément malgré tout ? La fuite, c’est également cela.

L’attaque

On pratique l’attaque lorsque nous mettons en place des comparaisons blessantes avec l’Autre, que nous faisons preuve d’ironie, voire de moquerie, de provocation et d’humiliation, ou encore quand on fait culpabiliser notre interlocuteur. Se placer ainsi dans une posture d’attaque permet le plus souvent de croire que l’on s’élève au-dessus de l’Autre, et donc qu’on le domine. Ce genre de comportement se met en place lorsque, bien au contraire, notre ressenti s’appuie sur un sentiment de faiblesse ou d’infériorité. C’est alors notre instinct de survie qui nous dicte la posture d’agressivité.

Mais là encore, faire preuve d’attaque peut bien souvent s’avérer salvateur. En effet, on ne compte plus le nombre de situations que nous vivons tous et au cours desquelles nous avons eu raison de nous imposer un peu, ou au moins pour quelques instants. De cette manière, nous avons enfin pu être entendus, de cette manière notre idée a enfin pu être appliquée. Et puis après tout, depuis la dernière fois où nous avons été attaquants, les gens qui nous entourent ont arrêté d’être agressifs à leur tour…

Ce qui est assez incroyable avec l’attaque, c’est que nous détestons la recevoir, mais nous la pratiquons régulièrement, ou bien, nous rêvons d’être capables de la pratiquer de temps en temps. Car elle présente quelques bénéfices non négligeables.

La manipulation

Peut-être la plus clivante des 3, cette posture non-assertive peut s’avérer être la plus complexe à déjouer. Elle peut aussi faire des dégâts profonds chez celles et ceux qui en ont été victimes un jour. Si l’on peut entendre assez facilement que la fuite et l’attaque présentent parfois quelques avantages, on a beaucoup de mal à accepter qu’il en soit de même avec la manipulation. Mais pourquoi ça ?

À cause de notre instinct de survie, pardi ! Car la manipulation consiste à agir en partie cachée de la vue du manipulé. Genre les mains dans le dos, quoi ! Et notre cerveau est ainsi fait que ce qu’il ne voit pas, il préfère l’imaginer comme un danger. On ne sait jamais… Ce rejet de la manipulation commence là et est ensuite enrichi du sentiment désagréable d’être floué, trahi…  

Mais en réalité, la manipulation n’est pas toujours négative. N’avez-vous jamais mis en place une stratégie de dingue avec vos enfants, la famille, des amis, pour fêter par surprise l’anniversaire de votre conjoint ? Si, bien sûr, et ce jour-là, vous avez manipulé votre chéri, si chéri, pour le bonheur de tous. Lisez donc mon article sur la manipulation, qui évoque toute l’ambiguïté de celle-ci.

En conclusion

Les 3 postures non assertives que sont la fuite, l’attaque et la manipulation engendrent des situations relationnelles négatives, où la domination et la soumission vont s’installer à l’excès, et peut-être durablement. Lorsque cela va trop loin, la relation devient un jeu psychologique, c’est-à-dire un échange faux, tordu, dont le but principal est d’aller chercher un résultat qui n’a rien à voir avec un relation équilibrée. C’est l’Analyse Transactionnelle, théorisée par Eric Berne qui met en lumière ce principe. Plus tard, le psychologue américain Stephen Karpman ira plus loin, en théorisant son fameux Triangle de Karpman. Elles sont liées les unes aux autres, et s’entretiennent mutuellement. Christel Petitcollin, remarquable maître praticienne P.N.L., autrice, conférencière, a réussi à expliquer et à vulgariser efficacement les jeux psychologiques et le triangle, dans un petit livre très bien écrit que je vous conseille : « Victime, bourreau ou sauveur, comment sortir du piège ? » (éditions Jouvence Poches). Cliquez sur ce lien pour accéder au site de Christel Petitcollin. Ses vidéos valent le coup aussi, soit dit en passant 😉

À dose légère, au bon moment, avec les bonnes personnes, elles peuvent pourtant avoir des aspects positifs. Pour en maîtriser la recette, il est nécessaire de passer en conscience ses habitudes relationnelles et de se connaître un peu. Il faut “se voir faire” si l’on veut changer ses vieux réflexes.

L’affirmation de soi est une posture consciente que l’on décide de pratiquer. Elle demande un peu de concentration, et l’envie d’y aller. Pour la pratiquer, il faut donc aussi accepter que parfois, c’est un rêve inaccessible ou presque. Accepter que l’on puisse ne pas y arriver. Pas aujourd’hui, pas ici, pas avec cet Autre. Et puis l’instant d’après réessayer. Y retourner. Retenter sa chance, pour retrouver sa propre liberté d’être face à l’Autre, et l’immense bonheur de constater qu’à son tour, et grâce à nous, notre interlocuteur devient assertif. Quel pouvoir merveilleux que celui de libérer l’Autre de nos jugements erronés. On essaie ?

Pour aller plus loin sur ce vaste sujet, j’ai écrit un livre dans lequel je développe chacune des postures non-assertives, et bien sûr, l’affirmation de soi. Il est disponible ici. Bonne lecture à vous, et au plaisir de pouvoir échanger nos idées sur la question…

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