jeune homme anxiété

La confiance, clé de l’après Covid-19

Temps de lecture : 6 minutes

La covid a plongé le monde dans un confinement quasi général. Et la sortie du 11 mai sera l’étape suivante qui nous permettra de mesurer l’ampleur de la deuxième vague à venir, économique, celle-là. Dans ce contexte, nous sommes tous mobilisés et applaudir aux balcons ne suffira pas, tout comme les gestes barrières (même si c’est un solide début). Nous devons tous développer quelque chose que nous perdons, hélas très souvent : la confiance. Mais comment ?

Gagner en confiance

Ce comparatif résume visuellement assez bien la situation : nous voici désormais dans une période où la surinformation devient étouffante, surtout lorsqu’on ne sait rien sur ce virus et qu’on n’a rien à dire (ou pas grand chose) ! Les incertitudes et les doutes sont idéales pour faire pousser des émotions négatives difficiles à maîtriser, comme la peur ou la colère. Les comportements irrationnels sont légion et nous voilà en train de partir en vacances dans nos maisons de campagne, faire la queue pour du papier toilette ou pour un burger industriel jaune et rouge (peut-être de même goût que le papier de la file d’attente d’avant).

Selon les modalités du déconfinement et ses évolutions, qui seront forcément improvisées puisque jamais vues, entre le pendant et l’après covid, il faudra garder tous ces éléments de l’équation et y ajouter une composante majeure : les autres ! Et oui, l’avantage du confinement, c’est qu’on est seul ou avec nos familles proches, ne l’oublions pas. Attendez d’être face à vos collègues de boulot, aux clients d’un magasin ou simplement face aux passants dans la rue…

La confiance, composante N°1 de la communication interpersonnelle

Prenons le temps d’analyser ce qui se passe entre deux personnes, lorsqu’on supprime la confiance, voulez-vous ?

La confiance en moi, tout d’abord : sans elle, je n’ose pas, je ne dis pas, et je me laisse écraser par un autre, plus costaud ou juste fort en gueule. A moins que pour éviter cela, je choisisse de faire du bruit, de gesticuler, car la meilleure défense c’est l’attaque. Et voilà mon manque de confiance en moi transformé en excès de confiance, qui m’amène à écraser l’autre. On en croise souvent, des comme ça…

Supprimons la confiance que l’autre a en moi, maintenant : sans elle, il se méfie. Il ne me parlera pas, ou ne me dira qu’une partie des choses. Peut-être aussi qu’il sera agressif envers moi, ou que je ressentirai ses doutes et que je me vexerai à mon tour, générant ainsi un conflit avec lui.

Dans les deux cas, cette absence de confiance va immédiatement mettre fin à notre communication, ou pire, va maintenir une communication fausse, faite de mensonges, de non-dits et d’incompréhension. Pour simplifier les choses, demandez-vous si vous entameriez une conversation dans la file d’attente, avec la personne qui vient de tousser sur vos affaires, sans avoir placé son coude devant la bouche. Voilà, vous y êtes ! L’absence de confiance, ça se joue à peu près là.

Et vous voulez inventer le monde de demain avec ça ?

Ça va être un peu compliqué, je crois… Essayons autrement !

Il nous faut développer la confiance pour passer ce cap difficile. Mais c’est vrai que c’est compliqué !

Pour développer votre confiance en vous, ça va bien se passer : internet est truffé de conseilleurs qui œuvrent pour booster votre individu et le rendre plus fort, plus beau, plus confiant, bref, meilleur. Taper « confiance » sur un moteur de recherche, et vous comprendrez ! Nous même d’ailleurs, n’avons pas su résister au chants des sirènes, et avons mis en place une catégorie entière d’articles sur la confiance en soi. On a juste choisi de coupler ce thème avec l’image de soi, pour vous donner plus de clés.

Mais la confiance en l’autre, c’est plus compliqué. Les vendeurs de potions magiques ne nous disent rien sur le web. Pas de conseil, de truc à l’aloe Vera ou de poudre de perlin-pinpin. Pour la développer, il va nous falloir faire preuve d’espérance.

L’espérance, ou la naissance de la confiance

Les croyants vous parleront de l’espérance selon leur vision déiste du monde : on parle dans ce cas de foi, de croyance et d’espoir… Permettez-moi de ne pas prendre parti, par respect, et puis parce qu’on serait hors sujet !

Les plus rationnels d’entre nous verrons dans l’espérance des notions de quantification. En langage mathématique, c’est la probabilité qu’une espérance, mathématique elle aussi, puisse nous amener à un résultat donné, ou souhaité. Pourquoi pas ? Attention toutefois, certaines probabilités mathématiques ne relèvent pas de l’espérance. Exemples : la probabilité qu’une météorite s’écrase sur Terre au cours de 50 prochaines années, celle que Cyril Hanouna présente le JT de 20 h, celle que  mon fils range sa chambre, etc…

Espérance religieuse ou mathématique, dans les deux cas, il s’agit de croire que quelque chose va arriver. Mais de préférence quelque chose de positif, de bon, de nourricier, sans tomber dans l’excès. Croire et espérer que l’autre est un sage, par exemple, et qu’il va m’apporter le soutien dont j’ai besoin sans condition, ça tient du rêve. Voire parfois de la connerie.

Mais croire que l’autre est capable de comprendre qui je suis, à la condition que je lui explique simplement, tout en l’écoutant avec la même attention, ça, c’est déjà moins aléatoire. Et ça repose sur moi, en très grande partie. On est dans la réalité. Voilà du concret qui peut modifier fondamentalement ma relation à cette personne.

Une posture que l’on choisit

Il s’agit là d’optimisme, clairement. Croire que l’autre peut devenir une clé d’éclairage dans ma compréhension du monde, c’est un choix que l’on fait au départ de la relation, et qui peut tout changer. L’autre peut m’apporter des avis nouveaux sur les choses, et une vision différente du monde. Si je choisis de recevoir et de partager sa réalité, j’affinerai nécessairement la mienne.

Bien sûr, il y aura des déceptions. Avec des gens que l’on aura surestimés, et d’autres qui abuseront d’un contexte. Mais pourquoi punir toutes mes relations, alors qu’une ou deux seulement ne valaient rien à mes yeux, après coup ? C’est cet optimisme général, mais averti, ni aveugle, ni naïf, qui peut changer nos relations. Une vision globale et sociétale de cette confiance se dessine un peu partout dans le monde, d’ailleurs. Très récemment, en France, Nicolas Hulot a publié « Le Temps est venu », un manifeste de 100 propositions pour un monde nouveau, dans lequel la confiance mutuelle, et dans l’avenir, semble prendre une place de choix.

Voici sûrement de quoi nous avons besoin

On voit partout des discussions sur le thème du monde d’après, de ce monde de demain, un post-covid-19 où on aimerait courir dans les prairies en fleurs pour aller bosser et youpi-tralala. L’idée est séduisante, mais on pourrait bien être très déçu.

Car il n’en existe qu’un seul, de monde : le mien, le notre, celui de tout un chacun. Il n’y a que le monde qui nous entoure ici et maintenant, et sur lequel chacun a le pouvoir d’agir et de choisir entre aigreur ou optimisme. Ce monde se compose de ma vie de tous les jours, des gens que je croise et parfois avec qui je bosse.

Ce monde autour de moi me fait espérer que quelque chose de bon peut arriver, et que j’en suis l’un des acteurs. Y croire ou ne pas y croire ne changera rien à mes déceptions, mais il me placera au cœur de l’action. Et ça, ça s’appelle la confiance.

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