Spleen de Noël

Le spleen de Noël

Temps de lecture : 8 minutes

Spleen et idéal, bel oxymore de Charles Baudelaire, un des plus grands poètes de son siècle ; le recueil de poèmes : « les fleurs du mal » ! Qui n’a pas étudié en première ou terminale cet artiste ? Bon, ici ce sera le spleen en version fêtes de Noël et de fin d’année, recommençons

Ah, le spleen de Noël  !

On a tous en tête ces émotions bizarres et désagréables qui nous traversent  au moment des fêtes. Envie de jeter la dinde farcie au foie gras, les marrons (les châtaignes) et le plat par la fenêtre, envie de brûler les guirlandes, envie de fouetter avec le sapin une partie des convives qui partagent notre repas de Noël …

Et si vous trouvez mes exemples encore une fois exagérés et caricaturaux, alors restons-en à cette tristesse un peu permanente qui nous habite à l’approche des fêtes de fin d’année.

Vous la sentez vous aussi, cette petite déprime qui modifie nos comportements, et qui vient abîmer nos relations ? Bref, le spleen de Noël est bien là.  Pourquoi ? Et que faire pour en sortir ? Voici peut-être quelques réponses. Je vous passe un morceau de jazz de Bernard MARLY intitulé Spleen. Juste pour l’ambiance !

Pour lutter contre toute forme de baisse de moral, il faut d’abord chercher à comprendre pourquoi ça vient et s’expliquer cet état dépressif passager. Les raisons sont multiples et varient selon les personnes et ce qu’elles ont vécu. L’année a été terrible, il manque quelqu’un à table… Ces périodes de fêtes de fin d’année vous ramènent systématiquement à de mauvais souvenirs vécus il y a quelques temps, aux difficultés de la vie ou à la maladie (ah oui, parlons-en !). Tout est bon pour que votre moral flanche. Mais quelle que soit la raison, il est intéressant de comprendre pourquoi notre esprit s’attache ici et maintenant à faire ressortir ces mauvais souvenirs.

Les quatre véritables raisons du spleen de Noël, dont une en bonus !

  • Le deuil

C’est la fin de l’année et qu’on le veuille ou non, la fin de cette année marque la fin de quelque chose. Une année passée avec ses bons et ses mauvais côtés, une année que vous avez vécu et que vous pouvez donc visualiser réellement. Bon, on est d’accord que cette année 2020 a tout de même été terrible, non ? La fichue Covid ! Mais qu’elle vous ait plu et apporté du bonheur ou qu’elle ait été difficile et plus sombre, vous en avez une image précise. Et donc la capacité à vous représenter en détail ce qui s’est passé. Bonne ou mauvaise année, ce dont nous parlons ici se termine et c’est un deuil. Il faut dire au revoir à tout ce qui s’est passé de bien réel et se tourner vers une nouvelle année dont nous ne connaissons rien. Quoi de plus inquiétant, quand on voit la gueule de ce qui s’achève ? Quoi de plus triste que de dire au revoir à ce que nous visualisons tant et qui, contre toute attente, nous rassure ?
  • L’obligation du bonheur

S’il existe des verbes et des actions qui ne supportent pas les injonctions, ce sont bien les mots liés aux émotions ! C’est vrai, essayez de conjuguer le verbe aimer à l’impératif et vous verrez que ça sonne bizarre. Sois heureux ! Sois gentil ! Pense à faire un cadeau à chacun ! Sois attentionné ! Fais bien cuire le chapon ! Commande la bûche de Noël au beurre et quand tu auras réussi tout ça, ne pète pas un plomb ! Autant de normes qui sonnent comme des ordres. Noël et le réveillon de la Saint Sylvestre sont des moments où les conventions sociales et familiales nous obligent à être heureux. Et c’est à peu près le seul moment de l’année. Mais voilà, ça ne se commande pas, et si on n’y arrive pas bien, cela peut générer un profond questionnement. Par ailleurs, je vous invite à aller plus loin avec notre article sur l’image de soi.
  • C’était mieux avant

Lorsque nous étions enfants, nos parents, nos instituteurs, ou d’autres encore ont tout fait pour nous faire vivre la magie de Noël : les chants de Noël, les chocolats, les biscuits en pain d’épices. Et dans la plupart des cas, ça a plutôt bien marché. Au point que nous-mêmes avons cherché, et cherchons encore, à créer cette magie, cet esprit de Noël pour nos enfants. Mais eux, comme nous avant, grandissent. Et la nostalgie de l’enfance nous envahit bien vite. Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de mesurer combien cette magie était belle mais comme elle a disparu irrévocablement aujourd’hui. C’était mieux avant, paraît-il.
  • La raison bonus : la Covid

Oui parce qu’en tant normal, trois raisons pour expliquer le spleen de Noël auraient suffit. Mais en 2020, la Nature a vu les choses en grand en nous mettant face à cette corona-épreuve et à l’ensemble de ses conséquences : maladies et décès, confinements et couvre-feux, perte d’emploi ou d’activité… Mais la plus grave de ces conséquences, c’est la diminution de nos relations sociales : plus de contacts, ni de rencontres, ni de lieux pour cela d’ailleurs. Adieu le village et les marchés de Noël avec leurs petits chalets en bois, la crèche vivante, l’odeur du chocolat chaud ou du vin chaud, les décorations et les illuminations féériques des rues après 20h. Un mètre de distance et un masque sur le visage, pas plus de 6 adultes à table lors des fêtes de fin d’année (on doit compter la dinde ? Je sais plus…).

Comment lutter contre le spleen de Noël ?

Certains choisissent de partir en vacances. Ce sera réduit cette année, mais il est vrai que casser le quotidien et changer de lieu en emmenant la famille en petit comité, ou en partant seul, peut être en apparence une très bonne idée. En apparence seulement, car les vacances à ce moment précis de l’année pourraient sonner comme une fuite. Une posture d’évitement qui nous permet de ne pas avoir à affronter les huîtres, le saumon fumé, la décoration du sapin de Noël et la dépression de la fin de l’année. Dans ce cas précis, il convient de se demander si affronter le spleen de Noël avec d’autres solutions (à suivre plus bas dans cet article) ne permettrait pas de générer en soi la satisfaction personnelle d’avoir réussi à mettre fin aux baisses de moral nataphobiques (si, si, ce mot existe pour parler de ce phénomène, justement !).

Déculpabiliser

Comme véritable solution, il me semble important de commencer par déculpabiliser. Après tout, on a tout à fait le droit d’être triste ou de ne pas aimer vouloir célébrer Noël. On a également le droit d’avoir envie de rester tout seul chez soi ce soir-là. On le fait bien des tas d’autres soirs, le reste de l’année. Encore faut-il pouvoir, car il va falloir expliquer aux membres de la famille et aux amis qui vous proposent de faire le réveillon du Nouvel An avec eux que non.

Cette année, ce sera un plateau télé chez vous en compagnie des rois Mages (réf. au film « Les 3 frères »), des santons et les lutins. Respect des consignes sanitaires, ou simple décision de votre part. Pour autant, on peut aussi participer à ces repas de fêtes sans se sentir coupable de ne pas avoir envie d’y être. Le reste de l’année aussi, il nous arrive à tous de nous retrouver à dîner sans en avoir vraiment l’envie. Travaillons donc sur cette culpabilité…

Anticiper – planifier

Une autre solution serait d’anticiper. On pourrait imaginer que l’agenda papier ou électronique deviendrait un allié pour cela. Dès le mois de septembre ou octobre, on note sur cet outil magique de commencer à se préparer à l’arrivée des fêtes, la liste du Père Noël, le calendrier de l’Avent, le menu de Noël. On aura listé tout au long de l’année des idées cadeau pour chacun, quand ça nous vient, et aussi toute une liste de petites choses qui procurent à soi du bonheur.

Afin de garder du positif dans le quotidien de cette fin d’année qui arrive. Le simple fait de se créer une alarme dès la fin de l’été peut permettre de commencer à acheter des cadeaux en équilibrant son budget sur plusieurs mois et en évitant le rush des magasins. Rien que ça, on diminue déjà la force de ce phénomène anxiogène. C’est aussi la bonne année pour aider les commerçants locaux, quitte à vous contenter des choix restreints que cela peut engendre. Ça s’assume, ça se revendique, presque comme un choix politique.

Plaisir de célébrer

Enfin, il faut garder la réalité à sa place et la pub à la sienne. Le marketing, la mode, le marché de Noël, l’esthétique des images, toute la société concourent à réactiver quelques images d’Épinal et nos souvenirs d’enfance. Avez-vous remarqué les pubs à la télé ? Pendant la période des fêtes de Noël, les maisons deviennent américaines, les sapins ont une forme parfaitement triangulaire, comme les enfants les dessinent, ils regorgent de décorations et d’illuminations et mesurent 3 mètres de haut.

Ne tombons pas dans le panneau de ces images, et apprenons à notre cerveau que la réalité n’est pas ce genre de choses. Apprenons lui au contraire à créer une réalité bien vraie, agréable et bien ancrée.  En anticipant, posez vous une ou deux questions simples : pour célébrer les fêtes, qu’est-ce qui me plairait et qui serait réalisable ? Quelles fêtes ou festivités de fin d’année colleraient à mes valeurs, mes envies, mes goûts bien à moi, sans être perverties par des fantasmes que le marketing alimente ?

Le spleen de Noël abîme mes relations aux autres

Il est important de se questionner sur cet état semi dépressif que beaucoup d’entre nous traversons à l’occasion des fêtes. Cette période de l’année est particulière et sera propice aux rencontres. Que je le veuille ou non, malgré les contraintes exceptionnelles liées à la pandémie actuelle, je vais croiser du monde : au boulot, avec des clients ou des fournisseurs, au Noël (clandestin) de l’entreprise, dans les magasins et devant les vitrines décorées également, mais bien sûr et avant tout, lors des retrouvailles familiales et avec mes amis.

Préparer mon esprit à être positif aura pour effet d’améliorer considérablement la qualité des rencontres que je ferai lors des fêtes. Je générerai plus facilement des échanges positifs, agréables, et enrichissants. Vous avez jeté un œil à notre formation sur les Bases de la Communication ? Ça pourrait être un bon début, qui sait ?
Plus encore, alors même que bon nombre des gens que je vais croiser seront toujours dans le spleen de Noël, un état d’esprit positif me placera auprès deux comme une véritable source de joie et de bonheur. Lutter contre le spleen de Noël, c’est peut-être un peu devenir le Père Noël. Chouette perspective, non ?
Et vous, c’est quoi vos petits trucs pour garder le sourire pendant les fêtes ?

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